Jean-Pierre : Excusez moi, mais, euh, je suis un peu perdu. Euh, vous faites du rally ? Euh, vous êtes boxeur ? Euh, cascadeur ?  Vous tournez dans un film historique là ? Oui… C’est qui la vedette du film ? Il est un peu connu ? C’est pour Arte ?

Béatrice : Arrête de les assommer avec toutes ces questions, tu vois bien que ça les fatigue !

Jean-Pierre : Si on peut plus parler hein ! Je vous ennuie ?

Godefroy : Oui certes.

Jean-Pierre : Il va continuer à faire ça longtemps lui ?

Jacquouille : Jour ! Nuit ! Jour ! Nuit ! Jour ! Nuit ! Jour ! Nuit !Jour ! Nuit !

Jean-Pierre : Monsieur La Couille, je vous en prie, à la longue ça devient casse-pieds. Vous êtes sûr que votre ami ne veut pas se mettre à table, c’est gênant.

Godefroy : Il n’est point noblio et n’a point de manière pour mangeayer. Il est déjà heureux de bouloter nos restes. Tiens mon fidèle !

Jacquouille : Oh ! Grand merci seigneur Hubert

Jean-Pierre : Mais là il écrase la pomme de terre sur le tapis ! C’est dégueulasse ! Ca suffit ! Venez à table avec nous.

Godefroy : Ca le gesnerait ! Hein mon Jacouille, tu ne veux pas venir as table avec nous ?

Jacquouille : Ah non, ah non, non seigneur Hubert.

Jean-Pierre : Et bien chez moi tout le monde mange à table. Allez venez, ça me coupe l’appétit.

Jacquouille : Ah non non non non ! Que néni, que néni !

Godefroy : Obéis là ! Oh ! Ton hôte te l’ordonne.

Jean-Pierre : Ce sera plus sympa ! Voilà.

Godefroy : Ma douce et jolie fillote…

Béatrice : Oui, mon beau cousin.

Godefroy : Si tu vis dans ce piètre logis, qui possède nostre château dorénavant ?

Béatrice : Jacques Henri Jacquart, un garçon assez nouveau riche, un petit peu précieux, de la famille de nos anciens métayers.

Godefroy : Quoi, c’est un gueux qui possède le château ?

Jacquouille : Pouah ! Un gueux ?

Béatrice : Quoi un gueux ? Je vous en prie, Jean Pierre aussi est un gueux. Ca l’empêche pas d’être un mari sympa.

Jacquouille : Lui un gueux ? Ah pouah !

Jean-Pierre : Je peux plus manger là, j’ai plus faim ! Non c’est vrai là c’est trop ! Il me donne envie de vomir ! T’as entendu ce que j’ai entendu ?

Béatrice : Non, j’ai rien entendu.

Jean-Pierre : Non mais oh ! Il me crache dessus maintenant ! Tu le vois peut être pas ça ?

Godefroy : Pardonnez ce maroufle, mais il est si triste d’apprendre qu’un gueux possède Montmirail.

Jean-Pierre : Je vois pas pourquoi…

Godefroy : Ma douce et lumineuse fillote, je n’aurai de cesse de réparer cette infamie. Ce Jacquart va vous rendre le château contricus sonnant et trébuchant ! Et s’il refuse, je l’étripe !

Jacquouille : Et on lui pellera le jonc, comme au Bailly du Limousin, qu’on a pendu au beau matin, qu’on a pendu avec ses tripes !

Godefroy : Où sont les poulardes ! J’ai faim !

Jean-Pierre : Pardon, vous allez pendre qui ?

Godefroy : Jacquart, le gueux ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerfs ? Qu’on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice ! Il n’y a pas quelques soissons avec de la bonne souavre, un porcelet, une chèvre rôtie, quelques cygnes blancs bien poivrés ? Ces amuses-bouche m’ont mis en appétit !